LE DEPARTEMENT DES LANDES : quelques dates
LE DÉPARTEMENT DES LANDES (LAS LANAS en gascon)
Pour comprendre l’histoire de la ville de Dax , il faut la voir dans un ensemble appelé le département des Landes dont cette ville fait partie au sud
Créé le 4 mars 1790, le département des Landes est un territoire administratif de multiples traditions entre la Chalosse agricole, le Béarn, et la forêt plus proche de la Gironde.
Les Landes compte 371 500 personnes au 1er janvier 2008 et d’après l’I.N.S.E.E. en 2030 il pourrait y avoir 480 000 habitants faisant de ce département la 2e meilleure croissance de population de la région Aquitaine (après la Gironde).
Les Landes mal drainées et les moutons
Avant 1789/1850 - À l'orée de l’époque contemporaine, le département était en partie couvert de landes mal drainées (sur environ 60 % à 70 % de l'espace) landes qui lui ont paradoxalement donné son nom, alors que la frange sud était constituée de coteaux aux sols riches, cultivés et boisés. Cette lande était entretenue par écobuage afin de pourvoir en nourriture les grands troupeaux de moutons (entre 900 000 et 1 million de bêtes en 1850 surveillés des bergers montés sur échasses ; l'usage de ces dernières permettait d'accomplir plus facilement de grandes distances :15 à 20 kilomètres par jour), tout en surveillant le troupeau, du fait d'une quasi absence de relief. Avant la loi du 18 juin 1857 dite Loi d'assainissement et de mise en culture des Landes de Gascogne, le régime agro-pastoral est généralisé : il puise sa force dans le libre usage des communaux majoritaires. (Ce sont les biens fonciers, le plus souvent forêts et pâturages, que les habitants d'une localité exploitent en commun. C'est une forme de copropriété communale).
Puis la systématisation des plantations de pins (exploités pour leur résine et bois), accompagnée de la vente des communaux durant la deuxième moitié du XIX° siècle a complètement modifié le paysage et l'économie des deux tiers du département, tout en contribuant à son enrichissement rapide. (Wikipedia-les Landes)
le reboisement par les pins et l’assainissement des marais
19-6-1857 - Il faut savoir que Napoléon III aime le département des Landes. Aussi, c’est lui qui par la loi impériale du 19 juin 1857 impose le reboisement et l’assainissement du marais landais. L’empereur aime tellement ce département qu’il y laisse un fils naturel légitimé, le comte d’Orx dont une partie de la descendance vit toujours dans les Landes. L’empereur achète un domaine de 8000 hectares de terres incultes dans la Grande Lande qu’il baptise Solférino pour en faire une terre d’expérience (pour en savoir plus http://fr.wikipedia.org/wiki/Solférino_(Landes). Il place à la tête de son domaine, Henri Crouzet, Ingénieur du service des ponts et chaussées pour l'arrondissement de Dax ayant une parfaite connaissance du terrain et des drainages et l’inspirateur de la loi de 1857. Il créé des routes agricoles, impose des cultures nouvelles et assèche le marais d’Orx, aujourd’hui devenu une magnifique réserve naturelle (pour en savoir plus voir le site internet www.reserve-naturelle-marais-orx.fr)
1850-1900 - Si la loi de 1857 est à l’origine de ce qui sera un siècle plus tard le plus grand massif forestier d’Europe, elle accélère le déclin des bergers et des troupeaux de moutons qui de 527 OOO bêtes en 1862 passent à 298 000 en 1890. En 1880, 800 000 hectares sont boisés de pins maritimes et l’économie locale se tourne entièrement vers cette production qui donne des poteaux de mines au Pays de Galles en échange du charbon pour les forges du Boucau. Autour de cette industrie, toute une chaîne de métiers et d’usines s’installent si bien qu’autour de 1850-1900 chaque ville possède sa scierie fournissant bois de charpente et planches. Mais le revenu le plus important est procuré par la récolte de la gemme qui occupe une grande partie des résiniers. Ils pratiquent une entaille dans l’arbre permettant à la résine de s’écouler dans un petit pot qui, une fois plein, est versé dans une barrique. La résine se vend bien, très bien même et procure d’excellents revenus aux propriétaires de pins, issus de la petite bourgeoisie rurale. Mais les résiniers et les agriculteurs sont régis par le même code rural. Dans bien des cas, ils ont la misère en commun pour ces métiers difficiles (la vie d’autrefois dans les landes – J.F. Ratonnat)
La forêt des Landes est la plus grande forêt de France. Elle couvrait environ 67 % du département avant tempête Klaus en janvier 2009, dans sa partie nord, et couvre également une grande partie de Gironde et du Lot-et-Garonne. Mais la forêt des Landes n'occupe pas toute la superficie. Au sud du département, au-delà de l’Adour, se trouve la Chalosse, pays plus vallonné et verdoyant, terre agricole partagée entre les élevages de bœufs et de canards et la culture du maïs, ainsi que le vignoble du Tursan à l'Est. (Wikipedia-Les Landes)
Une terre agricole
Mais les Landes ne sont pas qu’une terre de marécages et de forêts. C’est aussi une terre agricole.
1850 – c’est la dernière famine que connaissent les Landes. A cette époque en Chalosse, le rendement du blé à l'hectare est de 10 quintaux alors que la densité de la population est la plus élevée du département. Rien d'étonnant à cela : «Les Landais travaillent de manière empirique, regardant l' agriculture comme une suite d'opérations fatalement soumises aux influences de la lune. Quelques progrès apparaissent 20 ans plus tard quand l'araire en bois cède du terrain à la charrue en fer qui augmente le rendement des labours de près de 20%. Mais il faut attendre 1900 et l'arrivée de la Brabant, excellent instrument de travail nécessitant un attelage d'une ou plusieurs paires de boeufs, pour voir une réelle amélioration. La main-d'oeuvre agricole se compose à plus de 70% de métayers dont les conditions de bail sont insupportables en Chalosse où le propriétaire prélève la moitie des récoltes. Autant dire que le paysan ne mange pas du pain blanc tous les jours, mais plutôt un mélange de maïs et de froment.
1905-1908 - … les socialistes landais se lancent dans une campagne de critique du métayage, s'élevant contre les propriétaires terriens possédant parfois dix métairies qui imposent des contrats draconiens, des journées de travail gratuit comparable à la corvée royale, et des redevances en tous genre, dont la dime, encore perçue en 1914 à Roquefort. Car malgré la loi de 16 juillet 1889 du code rural, les disparités restent grandes entre la zone de Chalosse où les règles remontent à l'époque thermidorienne, et la zone forestière, moins accablée…
Un bail signé Ie 21 janvier 1900 à Luxey, commune de la Haute-Lande, donne une idée précise des obligations du métayer qui : «...s'engage à occuper un troupeau de moutons à partir du 31 mai de la présente année. Il s'engage aussi à prendre un attelage de juments poulinières pour faire les travaux de labourage et autres nécessaires sur la propriété. Les voyages qu'il fera avec cet attelage pour ce qui concerne les réparations des bâtiments de cette métairie seront gratuits. II devra en outre porter la récolte au grenier du Gauchey gratuitement aussi. II s'engage à donner une paire de poulets en été, trois douzaines d'oeufs et trois paires de chapons le premier de l'an, il partagera la récolte d'été par moitié et celle d'automne par tiers sans exception. II fournira en outre des légumes qu'il récoltera aux jardins. Il filera deux livres de filasse par femme, il enverra une femme laver la lessive lorsqu'il en sera requis. II ira également aider à faucher les prairies du Gauchey quand on le lui demandera. Il aidera aussi a incinérer les landes sans rétributions quand il sera requis. II recevra pourla garde du troupeau 6 hectolitres de seigle, ... 30 F en argent, 6 livres de laine et en outre 4 vieilles brebis et un agneau pour la Saint Jean. Pour la paille, il donnera un fagot par neuvaine, le reste servira a faire la litière aux parcs à moutons. S'il en vend, Ie prix sera partagé à moitié. » Ce « bon maitre » paye quand même les impôts sur les portes et fenêtres, l'assurance des bâtiments contre les incendies, donne le sulfate pour la vigne et le bois de chauffage aux métayers, recensés 19 952 en 1912, soit la plus forte concentration de France.
L'agriculture landaise est en retard sur l'agriculture nationale. Les engrais chimiques sont encore peu employés au début du siècle (2 000 hectares fertilisés sur les 26000 cultivés) malgré les efforts des Pouvoirs Publics qui, par l'intermédiaire des écoles, tentent d'en imposer l'usage. Les moissons se pratiquent à la faucille jusqu'en 1910, époque ou arrivent les premières faucheuses.
Apres avoir coupe Ie blé, le paysan confectionne des gerbes de 30 a 35 kg qu'il maintient avec de la paille de seigle ou un lien fabriqué avec des joncs et autres tiges récoltées en juin, puis séchées et tressées avec un tourniquet. Vient le moment du battage pratique au fléau, avant de l'être par des machines à battre actionnées par des boeufs tournant sur un manège. Felix Arnaudin, dans son livre "Choses de l'ancienne Lande", raconte cette opération ... «labeur effrayant qui confondait l’étranger pour l’extraordinaire résistance dont Ie maigre landais y faisait preuve ... Huit, dix grands jours pleins, quinze au besoin passées dans un bain de sueur à manier le pesant fléau «haut comme l'homme », l'eau vinaigrée pour tout breuvage, sans autre abri pour sa tête que l'étroit bérêt de laine contre Ie ciel en feu.»
1890 – c’est l’incontestable avancée quand arrive la batteuse actionnée par une locomobile puis par le moteur d’un tracteur. (lire de la page 39 à la page 67, la très vivante description dans le livre « La vie d’autrefois dans les Landes »de J.F. Ratonnat) : du battage du blé à la machine, du travail du paysan en hiver, de l’organisation de l’habitat appelé « l’airial, de la vigne (entre les attaques de l’oïdium, le phylloxéra et la concurrence des vins du Languedoc), des animaux si nécessaires (bœufs, mules, chevaux), des foires (où tous se rencontrent pour vendre leurs produits et acheter ce qu’ils ont besoin ; (à Dax le marché aux chevaux se tient le samedi précédant le premier lundi de novembre au quartier du Sablar.), de la chasse qui fait partie de la vie du paysan et du propriétaire, du vêtement qui reste jusqu’au XX° siècle un repère social qui différencie les conditions, la culture et les âges
Petites industries et progrès industriel
Le département des Landes n’est pas l’un des plus industriel de France de par la faiblesse de son sous-sol. C’est autour de la forêt que s’organise l’industrie, c’est pour le travail du bois et pour l’agriculture que les constructeurs landais travaillent. J.F. Ratonnat (p. 69 à 84) détaille comment le bois, la résine, le charbon de bois font tourner une foule d’industries: hauts fourneaux, forges, scieries installées dans les villages ou ambulantes, fabrique de liège, carrières pour extraire le calcaire, verreries, tuileries, poteries, traitement de la résine. En Chalosse, François Ratonnat détaille les activités industrielles qui sont orientées vers les produits résineux, les cuirs, la fabrication de chandelles et les tonnelleries, les faïenceries, les gravières, les armureries et coutelleries, les tissages, la saboterie, la vannerie, la laiterie et beurrerie…
Le travail des enfants et des femmes
A la fin du XIXe siècle, les enfants travaillent pour la plupart dès leur sortie de l'école, à 12 ans, quand ce n'est pas plus tôt pour certains. Toutefois, les Pouvoirs Publics, par l'intermédiaire des Préfets, réglementent leur présence dans les usines et les ateliers. Edouard Ferre, préfet des Landes, signe celui-ci en novembre 1899: «Les enfants de I'un et I'autre des deux sexes âgés de moins de 16 ans ne peuvent être employés à aucun travail effectif de plus de 10h par jour. Les jeunes ouvrières et ouvriers de 16 à18 ans ne peuvent être employés à un travail effectif de plus de 60h par semaine, sans que le travail journalier ne puisse excéder 11h. »
L'artisanat et les petits métiers sont à peu près les mêmes à la ville et à la campagne. ...Les lavandières, qu'elles se rendent au lavoir ou à la rivière ont de l'ouvrage tous les jours, fourni par différentes familles chez qui les chemises et Ie linge de corps doivent être propres. La grande lessive des draps se fait une fois par trimestre, pendant deux journées de suite car il faut faire bouillir Ie linge avec de la cendre puis le nettoyer au savon de Marseille à grands coups de battoir dans l' eau claire. Au début du siècle, une lavandière gagne 9 sous par jour et emporte, souvent, son repas de midi qu'elle prend sur place. La brodeuse, la couturière, la domestique, la nourrice, la repasseuse, la porteuse d'eau, la marchande d'allumettes...Sont d'autres emplois des femmes du peuple. Les hommes travaillent à des tâches plus dures, ils sont maçons, menuisiers, sandaliers, tonneliers, vanniers. En Chalosse, ils fabriquent leurs paniers avec des lattes de châtaigniers depuis près de deux siècles. lIs sont aussi maréchaux-ferrants, cerclant de fer les roues des voitures qui roulent sur les pavés, ils ferrent les chevaux et les boeufs dont ils sont parfois un peu les vétérinaires. A cela il faut ajouter les commerçants, marchands de grains, minotiers, épiciers, tailleurs, selliers, cafetiers, marchands de cycles ... (La vie d’autrefois dans les Landes – J.F. Ratonnat)
la plupart des photos sont extraites du livre de Jean François Ratonnat "la vie d'autrefois dans les Landes"
Pour une histoire plus contemporaine du département des Landes, voir :
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